Je suis très intelligent. Rusé, secret, confiant, attentif, puissant, incroyablement tactique, et en général, je ne me mets pas dans des situations comme celles-ci.
Je le connais, ce couloir, c’est le fichu couloir que cette saleté de Gryffondor à rendu dingue. Je le connais, je sais que c’est un couloir presque vivant, oui, vivant, et qui s’amuse à nous empêcher d’en atteindre l’autre bout. Mais il fallait que j’aille en cours, et vite, même si je m’en fous un peu de la Défense, il fallait que j’y aille. Histoire de ne pas trop sécher tout le temps mes cours, quoi…
Et donc, je suis passé par ce maudit couloir, oubliant pendant ce quart de seconde qui m’a fait y entrer que c’était un couloir farceur.

Aussi m’étais-je mis à glisser, à glisser, sur un sol tout huileux, dégoûtant, et qui n’en finissait pas! Pendant un long moment, je crus que j’allais mourir dans ce couloir, non pas de faim, ou de soif, mais parce que mon postérieur aura fondu, à force de glisser, que cela causera une hémorragie et que je mourrai.
Mais au bout d’un quart d’heure, la glissade s’arrêta enfin, et, dégoulinant d’une huile non identifiée, je me relevai sur mes deux pieds en me frottant les fesses.

« - Nom d’un Sombral sans crinière, quel con, quel con je suis!

Et soudain, les trois tableaux accrochés au mur pivotèrent, et des centaines de lutins de Cornouailles en jaillirent. Commençant à m’attaquer. Avec leur malice habituelle. Je commençai par les repousser avec la mains, mais leurs attaques se faisaient plus virulentes. Finalement, je sortis ma baguette et invoquai une onde de choc. Toutes les petites créatures furent propulsées contre le mur, pas mortes, mais bien assommées.
Dans quel pétrin je me suis fourré, moi… où est la sortie?

Je cherchai alors désespérément du regard cette porte salvatrice. Impossible de repartir de là d’où je venais, à cause du passage glissant, et aucune autre porte en vue.
Et soudain, un hurlement. Féminin. Je me retournai, pour voir une fille non identifiée glisser follement par le même chemin que moi.

« - Mais fais gaffe!!!

Cette mise en garde était bien inutile, et la fille m’atterrit dessus de plein fouet. Mon dos heurta brutalement le sol, me coupant brièvement la respiration, et je toussai deux ou trois fois en repoussant violemment celle qui m’était tombée dessus. Je la regardai d’un œil haineux.

«  - Mais merde, t’es qui toi?

Une Poufsouffle, m’apprit son blason, et un grognement de dépit m’échappa. Pas les Poufsouffle, je déteste les Poufsouffle, quelles bêtes sont plus inutiles que les Poufsouffle?
Et en plus, horreur et damnation, les lutins étaient en train de se réveiller.

Gwen était en retard. Très en retard. Pour la première fois, d'ailleurs. Elle réfléchissait, tout en marchant, vite. Pourquoi était-elle en retard? Elle ne savait même pas. Rien ne va plus en ce moment. Enfin, bon. Elle aimerait bien avoir un iPod, comme Gemma. Parmi un tourbillon de pensées, c'était celle-ci qui ressortait, malgré tout ce qui c'était passé. Elle était décidément très étrange...Bon, à ce moment précis, elle était vraiment très très en retard. Elle se mit à courir, et à emprunter des raccourcis.
Et là, elle fit une énorme erreur. Oh, elle en fait de temps en temps, mais principalement des erreurs de jugement, ou d'inattention. Mais pas d'orientation. Elle avait toujours réussi à s'orienter, où qu'elle soit, même dans les couloirs magiques de Poudlard. Et pourtant, elle avait pris ce fichu couloir. Le couloir farceur. Elle était vraiment maudite ces jours-ci...
Elle se retrouva face à une étendue d'huile dégoûtante, et surtout extrêmement glissante, qui recouvrait le sol. Et vu la taille du couloir, elle était loin d'en avoir fini. Elle allait sûrement louper le cours... Elle essaya tout de même de freiner, mais emportée par son élan, n'y parvint pas à temps. Dès qu'elle posa un pied dans l'huile, elle glissa, et tomba. Enfin, c'est ce qu'elle croyait, car ce farceur de couloir n'allait pas s'arrêter là. L'huile qui le recouvrait commença à s'agiter, et se déplaça, Gwen avec. La vitesse qu'elles prirent arracha un cri à la jeune fille, qui ferma les yeux.

« - Mais fais gaffe!!!

Elle ouvrit les yeux d'un coup. Et elle vit, au loin, un jeune homme. Et l'huile semblait la mener droit sur lui. Le choc allait être dur. Il était marrant, lui aussi, s'il était là, cela voulait dire qu'il était passé par le passage glissant aussi, et donc, il savait que l'on ne pouvait rien faire. Deux secondes plus tard, la jeune fille le heurta violemment. Elle l'entendit tomber, et grogner, puis il la repoussa. Toujours abasourdie par le choc, elle regarda autour d'elle. Tout autour d'eux, des lutins de Cornouailles gisaient, preuve d'une attaque remontant à quelques secondes.

«  - Mais merde, t’es qui toi?

Ah, oui, le garçon. Elle l'avait oublié. Elle le dévisagea. Il était grand, brun, et assez costaud. Sa peau semblait tellement douce, que... Oh mais non! Elle s'en fiche des garçons, et ce n'est pas lui qui va changer la donne. Enfin, elle n'en était pas si sûre, mais préférait s'en persuader.

-Je suis une Poufsouffle, désolée...

Elle l'entendit grogner. Mais qu'ont-ils tous contre les Poufsouffle à la fin? Elle fut distraite par un mouvement sur sa droite. Les lutins de Cournouailles se réveillaient, le jeune homme, qui ne s'était d'ailleurs même pas présenté, n'avait dû utiliser qu'un sort provoquant une onde de choc, les assommant. Elle empoigna alors sa baguette, et lança:

-Mutinlutin Malinpesti.

En fait, elle n'était même pas vraiment sûre que ça marche, car lorsque Lockhart l'avait utilisée, des années auparavant, rien ne s'était passé. Pourtant, les lutins furent projetés en l'air, et les autres s'enfuirent. Cet homme était donc vraiment nul.
Elle se retourna vers le garçon, et lui dit:

-Bon, un problème de réglé. Je suis vraiment désolée. Je m'appelle Gwen.

Elle lui tendit la main.

« Je suis une Poufsouffle désolée » ??!! Je lâchai un bruit étrange entre le mépris et la stupéfaction. Elle s’excusait d’être qui elle était? Mais c’était pas croyable. Ça se dégradait, à Poudlard, maintenant, les Poufsouffle étaient tellement habitués à se faire rabaisser qu’ils s’excusaient eux-mêmes d’être ce qu’ils étaient. C’était vraiment pitoyable. Pauvre petite chose. Je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir ces pensées presque dégoûtées. J’étais en même temps choqué. C’est comme si je disais « Oh bah j’ai les yeux bleus, désolé! ». N’importe quoi.
J’ignorai sa main tendue, et lâchai un simple:

« - C’est cool.

Comme si j’en avais quelque chose à faire, de son nom. Gwen, ça ne veut rien dire, Gwen. De toute façon, je ne retiens jamais les noms, je ne fais que donner des surnoms aux gens. Je me tâtai discrètement les fesses. Couloir pourri. C’était douloureux. Et mon coude avait heurté un peu trop violemment le sol lorsque la gosse m’était tombée dessus, du coup, un bleu allait y fleurir. Bref, tant que ça n’est pas cassé, ce n’est pas grave.
Tout ce que je voulais, de toute manière, c’était sortir d’ici. Aucune porte et… mais oui, les tableaux! Ils s’étaient refermés après la disparition du dernier lutin de Cornouailles, mais s’ils s’étaient ouverts, on pouvait les forcer à le faire de nouveau.

« - Bon, euh…. Truc? T’es prête à te servir à nouveau de ton sort? Je vais ouvrir les tableaux pour voir s’ils mènent à une sortie. Je ne compte pas pourrir ici et te faire la causette, moi.

J’étais d’une humeur massacrante, et la pauvre s’en prenait plein la figure. Truc. C’était un peu méchant quand même, mais je ne me rappelais déjà plus de son nom! Le seul que j’arrive à retenir, c’est celui de Josiane, et encore, j’hésite toujours à l’appeler Jo ou Swann. Donc en général, je ne l’appelle pas, ça va plus vite!
Je pointai ma baguette sur le tableau le plus proche, et jetai un nouveau coup d’œil agacée à « Je suis une Poufsouffle, désolée ».

« - Bon, alors, prête ou pas prête?

Je pouvais le faire tout seul, mais bon, je n’allais pas non plus la laisser crever ici, et autant qu’elle se sente utile une fois dans sa vie quand même.

Le garçon lâcha une sorte de grognement. Comme du mépris. Un Serpentard quoi. Elle vit dans ses yeux, qu'elle ne représentait rien pour lui. Il ignora royalement la main qu'elle lui tendait, et dégoûtée, elle chercha des yeux une issue autre que la fin de ce couloir maudit. Il lui sortit un simple:

-C'est cool.

Mais elle compris qu'il n'en avait absolument rien à faire, et, qu'à part le mépris qu'il ressentait pour elle, le seul truc qu'il avait en tête était de trouver un moyen de sortir d'ici. Au moins il pouvait être utile pour ça. Les Serpentards étaient réputés débrouillards. En général. Suffisait juste qu'elle ne soit pas tombée tombée sur l'exception qui confirmait la règle. Et avec la chance qu'elle avait en ce moment, ce n'était pas gagné.

Elle lui jeta un coup d'œil et vit qu'il s'observait. Il regardait son coude, sûrement prévisualisant le superbe hématome qui allait y fleurir, avant de détourner la tête. Gwen n'espérait qu'une chose, qu'il cherche un moyen de sortir d'ici, car elle, elle n'en avait aucun. Et à la limite, s'il ne voulait pas l'emmener quand il aurait trouvé, elle n'aurait qu'à le suivre, et voilà, ce serait réglé.

« - Bon, euh…. Truc? T’es prête à te servir à nouveau de ton sort? Je vais ouvrir les tableaux pour voir s’ils mènent à une sortie. Je ne compte pas pourrir ici et te faire la causette, moi.

Elle croyait halluciner. Elle venait de lui dire son prénom, et il ne s'en souvenait déjà plus! Elle vit le temps d'une fraction de seconde la lueur d'un regret, mais l'attitude générale du jeune homme la persuadait qu'elle avait rêvé. Comment quelqu'un qu'on vient de sauver d'une attaque qui oublie notre prénom pourrait-il ressentir des regrets vis-à-vis de la façon minable dont il nous traite? Impossible.

Bon il fallait voir le positif. Il avait apparemment trouvé le moyen de sortir d'ici. Et il avait besoin d'elle, enfin de son sort. Donc normalement, il allait l'emmener. Et elle sortirait de ce couloir. Elle regarda le Serpentard, et le vit pointer sa baguette vers l'un des tableaux. La Poufsouffle compris alors son plan.

« - Bon, alors, prête ou pas prête?

Devant son impolitesse, elle faillit répondre non, et le laisser en plan. Ce qui signifiait qu'elle aussi resterait ici. Face à cette idée, elle brandit sa baguette à son tour et la pointa également vers le tableau.

-Prête.

Elle le fixa, et crut capter son attention. Elle le regarda dans les yeux.

-Et je m'appelle Gwen. Tâche de t'en souvenir.