Lizzie marchait à vive allure, traversant les couloirs, rapide comme une ombre, et discrète comme un chat. Elle n’avait que l’intercours pour vite aller aux toilettes, histoire de se vider la tête en vitesse et de faire le point avant de retourner en cours. Malheureusement, elle était au deuxième étage ce qui l’obligeait à aller aux toilettes de Mimi Geignarde.

Le point positif c’est qu’elle ne serait pas seule à pleurer sur son triste sort. Quel maigre réconfort. Et c’est ainsi que Lizzie allait, ressassant ses pensées lugubres. Sa journée avait plutôt bien commencée, elle avait excellé dans chacun de ses cours et elle avait même discuté avec d’autres étudiants de sa Maison, et même avec une Poufsouffle qui lui avait parut fort sympathique au premier abord.

Mais voilà, alors qu’elle attendait dans le couloir que le cours de Métamorphose débute, elle vit Ethan Johnes… Comme à l’accoutumée, son cœur s’emballa, ses yeux s’embrasèrent, ses mains fourmillèrent. Un sourire niais s’affichait sur son visage au moment où le-dit garçon regardait dans sa direction, un
sourire épanoui étirant ses lèvres fines. Puis il se rapprocha, en quelques longues foulées d’elle, allant jusqu’à passer tout près, la frôler et… la dépasser. Comme ça !

Comme au ralenti, Lizzie s’était alors retournée afin de suivre du regard qui pouvait bien attirer Ethan ainsi, tel un aimant. Il rejoignit une fille dont la Serdaigle n’avait jamais prêté attention auparavant. Elle était blonde, avec de long cheveux lisses et un sourire éclatant de blancheur. Cette fille pourrait jouer dans des pubs de dentifrice aussi bien que dans des pubs pour des shampoings… Parce qu’elle le vaut bien.

Lizzie arrivait aux toilettes à présent. Elle poussa la porte avec conviction et se précipita au bord du lavabo contre lequel elle s’appuya. Les larmes coulaient sur son visage. A la fois de tristesse et de colère, que ce soit contre elle-même, contre cette fille « Max White Colgate », et contre Ethan… Si seulement elle ne s’était pas éprise d’un garçon qui n’avait rien à faire d’elle. En levant les yeux, elle vit son reflet ravagé d’eau salée. De haine, elle envoya son poing contre le miroir, qui se brisa sous l’impact.

- Aïe ! s’écria-t-elle.

Ses yeux s’agrandirent en remarquant tout le sang qui s’écoulait entre ses doigts ouverts.

- Quelle idiote ! maugréa-t-elle.

Mais ce qu’elle n’avait pas remarqué, c’est que quelqu’un observait la scène…

Hargneuse envers elle-même et ce foutu miroir, Lizzie ne fit guère attention au grincement de porte qui survint, le brui s'étirant quelques secondes. Elle pensa que ce son strident venait probablement du fantôme des toilettes du deuxième étage. Tout ce qui lui vint à l'esprit par la suite fut que Mimi n'allait sûrement pas l'aider à se sentir mieux, et c'est avec agacement que l'image du fantôme en train de geindre et de se plaindre s'imposa dans ses pensées.

Néanmoins, elle ne put dépenser plus de temps à accuser Mimi Geignarde de tous ses maux, puisque le grincement de porte ne trahissait point la présence de l'esprit, mais plutôt d'une personne qui se régalait du spectacle. La voix de la personne la fit sursauté, et elle se retourna d'un bloc. Elle reconnu aussitôt le blason vert de la Maison Serpentard, puis elle reconnu vaguement le visage. Lizzie évitait de se frotter aux Serpentards, elle avait apprit à ses dépens qu'il vaut mieux éviter ces gens. Qu'ils saisissent toutes les occasions qui s'offrent à eux pour rabaisser ceux qui ont eut la stupidité de les croire différents. Différents... Quel drôle de mot. Lizzie l'associait souvent au changement, et de nature altruiste, pour elle le changement était signe de meilleur. Mais elle déchantait vite, car changement s'alliait souvent avec utopie.

Tout comme tous ces Serpentards, futurs Mangemorts. De stupides suiveurs, peureux, totalement asservis face au Mage Noir. Mais aussi des gens imbus de leur personne, prêts à se mettre à genoux plus ou moins en secret face à un seul homme, et en même temps à s'élever au-dessus des autres, les écrasant de leurs richesses et de leurs pseudo-pouvoirs offert par "Le Maître"...
Le pauvre Salazar Serpentard doit se retourner dans sa tombe en voyant comment finissent ses étudiants, si fiers de leur sang-pur et en même temps dégradé à l'état d'esclave. Quel déchéance pour cette Maison, et dire que ses occupants ne s'en rendent même pas compte ! Pour le coup, ça c'est "véritablement pathétique"...

Lizzie jeta un regard froid à son interlocutrice. Une fille de septième année, avec un nom de Mangemort connu... Lizzie se creusa les méninges, et le temps que cela lui revienne, elle donna le change en dégainant sa baguette qu'elle pointa sur sa main ensanglantée. D'un moulinet, sans prononcer un mot, elle retira tous les morceaux de verre qu'elle laissa s'écraser dans le lavabo. Puis elle fit apparaître une bande stérile et des compresses qu'elle appliqua sur sa main. Puis d'un geste, elle répara le miroir derrière elle.

- Bonjour Josie...

Avec un nom pareil, la bleu et bronze se doutait que la Serpentard ne devait pas apprécier l'idée lumineuse de ses parents lorsqu'ils avaient décidé de l'appeler Josiane. Alors, apprécier ce délicat surnom pourrait éventuellement ressembler à une mise en bouche pour elle.

- Comment va la famille ? Ton frère est toujours aussi arriéré ou les Doloris qu'il reçoit à chaque fois qu'il foire une mission ont-ils finis par le transformer définitivement en légume ?

Lizzie avait prit le parti de ne pas se mettre en colère, de toute façon, elle montrait rarement ses véritables sentiments aux autres. La carapace était épaisse comme une cuirasse, prête à parer les attaques... Du moins Lizzie l'espérait-elle, parce qu'elle pressentait que Crabbe était une dure à cuire...

- Bonjour Josie...

Josie ... Intéressant. Le surnom accentua encore le sourire sarcastique de la Vipère. Cette Serdaigle se mettait à faire de l'esprit ? Vraiment intéressant, en fait. Se pouvait-il qu'elle se croît de taille à affronter une élève surdouée d'un an plus âgée qu'elle ? Amusant.

Non, Jo' n'irait pas jusqu'à dire que Lizzie n'avait aucune chance, elle aurait plutôt tendance à dire que même si Jo Swann avait les deux bras cassés et qu'elle était dans le coma, Lizzie ne la battrait pas.

Mentalement, elle était plus forte. Elle était née dans la mauvaise famille, à la mauvaise période et dans un monde qui ne l'intéressait même pas. A vrai dire, si ça n'avait tenu qu'à elle et malgré le fait qu'elle était extrêmement douée pour la magie, elle aurait aimé ne pas être une sorcière. Pour rien au monde.
Et cette différence la rendait plus forte. Elle menait un double-jeu. Une expérience qui depuis l'enfance la rendait plus forte. Les sortilèges ? Elle s'en riait. Mis à part le Doloris, aucun d'eux ne lui faisait d'effet. Elle n'aimait pas la magie, mais elle ne la craignait pas. Elle s'en jouait. Jusqu'à sa mort, elle s'en jouerait.

La Serdaigle fit apparaître une bande et des compresses sans prononcer un mot. Elle pensait l'impressionner ? Jo' maîtriser cet exercice depuis ses 13 ans. Cela ne lui faisait aucun effet qu'une sixième année y parviennent.

- Comment va la famille ? Ton frère est toujours aussi arriéré ou les Doloris qu'il reçoit à chaque fois qu'il foire une mission ont-ils finis par le transformer définitivement en légume ?

Elle s'en prenait à sa famille ? A la bonne heure ! Lizzie détestait son nom de famille, elles avaient au moins un point commun. Mais son rôle de parfaite fille de Mangemort l'empêchait de le reconnaître devant d'autres que Raven et Dean. Ils étaient les seuls en qui elle avait confiance. Ils étaient ses piliers.

Pendant le temps qui s'écoulait, Jo' restait impassible, parfaitement maîtresse d'elle-même, de son sourire railleur et de ses yeux insolubles.

- Ma famille va bien, je te remercie du soucis que tu te fais pour elle. Et ta propre famille ? Comment va-t'elle ? Oh mais j'avais oublié ... Morte et enterrée ta jolie famille de Sang de Bourbe et d'Impur ... Comme c'est dommage ... Crois-moi, j'en suis navrée, dit-elle sur un ton badin. Alors. A quoi devons-nous ta petite crise d'auto-mutilation ? Hein ?

Lizzie eut droit au retour de flamme dont elle supposait la survenue imminente. On récolte ce que l'on a semé, c'est bien connu. Les prémices d'un rictus étirèrent le coin de ses lèvres. L'attaque était plutôt bien menée mais sentait tellement le réchauffé que Lizzie ne broncha pas. Voilà près de dix ans qu'elle entendait des choses comme ça, et elle en entendrait tout au long du reste de sa vie. De plus, Lizzie était à peu près certaine qu'elle en entendrait des bien pires que celle que Crabbe venait de lui sortir.

C'est donc avec ironie qu'elle répondit avec flegme à la Serpentard :

- Oh... ta sollicitude me touche et sois sûre que cela me réconforte.

Pour rajouter de l'effet (ou du moins essayer), la bleu et bronze fit même l'effort de sourire avec condescendance à son interlocutrice. Après tout, elles jouaient à un jeu toutes les deux, et trouver quelqu'un qui a du répondant n'est pas toujours simple à trouver.

Lizzie s'adossa un peu plus confortablement contre le lavabo, faisant toujours face à Crabbe. Elle prenait simplement son temps pour lui répliquer. En effet, elle pressentait qu'elle allait se faire mitrailler vive par son interlocutrice, donc autant repousser l'échéance d'une poignée de secondes si cela est possible. Car décidément cette fille ne perdait pas le nord, elle l'interrogeait déjà sur son désastreux excès de colère. Super ! Evidemment, Lizzie se crispa légèrement. Elle inspira à fond pour se détendre et rétorqua :

- Tu sais ce que c'est, lorsqu'on est doté d'un coeur et d'une âme, il est normal que ce qui se passe autour de nous, nous touche. Parfois plus profondément que d'autre, et j'admets que comme beaucoup de personne, il m'arrive de me mettre en colère... Ha mais j'oubliais, tu ignores ce qu'est un coeur vu que tu n'en as pas. Comme quoi, personne n'est parfait. Tu n'es pas d'accord ?

Elle croisa les bras et observa avec attention Crabbe. Cette fille superficielle toujours prête à dégainer son miroir de poche n'allait probablement pas apprécier cette boutade. D'ailleurs en parlant de miroir, cela serait amusant d'ensorceler le sien...

[HJ : Pas touche au miroir de Jo' nan mais oh ! xD]

- Oh... ta sollicitude me touche et sois sûre que cela me réconforte.

J'avais presque envie de fuir. Presque.
Mais je ne fuirais pas. J'étais courageuse, et je revendiquerais toujours ma place, ici dans ce château, et si pour la garder je devais blesser des gens avec qui peut-être j'aurais pu être ami(e)s, alors, qu'il en soit ainsi !

Lizzie s'adossa au mieux contre un lavabo et me regarda en souriant. Qu'attendait-elle pour me répondre ? Pour un peu je me serais langui. Si j'avais pu. Mais ce n'était pas le cas. Je la sentais chercher en elle des paroles blessantes. Et je savais qu'elle y parviendrait. Parce que quelque part, elle était d'une innocence parfaite, et c'était la meilleure arme au monde. L'innocence faisait presque plus de ravage qu'un baguette tenue par un certain Mage Noir. En tout cas, ici dans ces murs.

- Tu sais ce que c'est, lorsqu'on est doté d'un coeur et d'une âme, il est normal que ce qui se passe autour de nous, nous touche. Parfois plus profondément que d'autre, et j'admets que comme beaucoup de personne, il m'arrive de me mettre en colère... Ha mais j'oubliais, tu ignores ce qu'est un coeur vu que tu n'en as pas. Comme quoi, personne n'est parfait. Tu n'es pas d'accord ?

Je relevais la tête, fière et impassible, un sourire sardonique aux lèvres, amusée par ces paroles. Croyait-elle m'atteindre avec ça ? J'avais un coeur, je me contentais d'en faire abstraction pour ne pas être atteinte par mes sentiments. Comme une armure par dessus une cotte de maille. Deux sécurités valent mieux qu'une, même si pour ça je devais passer pour un monstre.

Et pourtant ... Une fois dans ma vie, une fois dans ce château, j'aurais voulu laisser échapper quelque chose, libérer un mot, un cri, pour me faire réellement entendre.

- Lizzie ..., parlant je m'approchais doucement d'elle, mon sourire toujours bien accroché à mes lèvres. Lizzie, crois-tu réellement que je n'ai aucun coeur ? Je m'arrêtais à quelques centimètres d'elle. Si je te disais réellement ce que je penses à cet instant je serais obligé de te jeter un sort d'oublie, pour sauver ta vie. Imagine toi ce que tu veux, mais garde tes petites réflexions dans ta bouche fermée.

Et en parlant de bouche fermée ... L'idée était trop tentante décidément. Avant qu'elle ait pu réagir, je lui volais un baiser et m'écartais, redevenue la sale garce de Serpentard qu'elle avait toujours connue. Et qui lui ferait face pendant un bon moment encore.

Lizzie se raidit mais ne remua pas d'un millimètre alors qu'elle voyait Crabbe s'approcher dangereusement d'elle. La seule chose qui trahissait de son état d'anxiété et de colère, était ses mâchoires qu'elle serrait et désserait rapidement, blanchissant la peau de son visage en ces deux points.

Lorsque son interlocutrice lui répondit, Lizzie sut aussitôt qu'elle avait atteint un point sensible. Alors comme ça, Crabbe serait en fait une vaillante au coeur tendre drapée de cynisme et de faux-semblants. Intéressant... Mais Lizzie prit tout de même en compte ses menaces. Loin d'elle l'envie d'exposer ses découvertes au risque de subir un sortilège d'Oubliette. Et si Crabbe le dosait trop et qu'elle transformait Lizzie en légume ? Non le risque est bien trop grand, parfois, il faut savoir s'agenouiller pour sauver sa peau. Même si la fierté et la vanité en prennent un sérieux coup !

Lizzie agrandit soudain les yeux. Elle vit le visage de la Serpentard s'approcher du sien à vitesse de l'éclair. Un instant elle s'imagina se recevoir un énorme coup de boule qui l'aurait assommé et défiguré par la même occasion. Et Merlin sait ce qu'elle lui aurait fait subir durant son épisode d'inconscience !

Mais au contraire, elle sentie ses lèvres se presser furtivement sur les siennes. mais qu'est-ce qu'il lui prenait ? Aussitôt, par réflexe, elle s'essuya la bouche d'un revers de la main. Puis, pour montrer son dégoût, elle cracha aux pieds de Crabbe. Après un fugace sentiment de haine qui apparut dans son regard noir, Lizzie reprit sa contenance.

Poitrine en avant, elle s'humidifia les lèvres et les mordilla avec sensualité. Elle vrilla son regard sur celui de Crabbe, puis fit un va-et-vient entre ceux-ci et les lèvres de la vert et argent. Tant pis pour les risques d'Oubliette, la Serdaigle prit la décision de jouer...

- Avec tous ces sous-entendus et cet acte si glamour, je dois dire que je me suis fourvoyée sur toi Jo'...

Elle s'avança d'un pas vers elle.

- Tu caches plutôt bien ton jeu.

Un pas de plus.

- Mais j'avoue que tu me déconcertes...

Encore un.

- Est-ce que tu as fait ça pour me déstabiliser ? Ou...

Cette fois, elle était toute proche de Jo'. Au creux de son oreille, elle murmura :

- Est-ce que tu mènes un double-jeu pour duper ton entourage ?

En vérité, Lizzie bluffait. Elle n'arrivait pas à déterminer si le double-jeu en question était qu'elle cachait sa bi ou son homosexualité; ou si c'était quelque chose de bien plus dangereux comme cacher sa véritable nature (quelqu'un capable de sentiments honorables); à moins que cela soit les deux combinés. Dans tous les cas, cette Jo' Crabbe se montrait particulièrement dangereuse. C'est pourquoi, elle s'éloigna de Jo', lentement, lui tournant autour jusqu'à rejoindre sa place initiale. Près du lavabo.

Danger !

L'alarme de sa conscience venait de hurler dans sa tête. Cette fille, cette Jo' Swann Crabbe était dangereuse. Une joueuse calculatrice et manipulatrice.

Redoutable.

Le regard de Lizzie glissa vers les lèvres pulpeuses que Jo se plaisait à mettre en valeur. Tout à fait le genre de choses que réalisait Lizzie pour attirer le regard d'un garçon qu'elle voulait. A la fois honteuse d'avoir éprouvé une forme de désir physique envers Jo, et inquiète par le jeu de dupes que menait la Serpentard, Lizzie se sentie déstabilisée. Un léger feu aux joues, elle s'écarta promptement de la personne qu'elle considérait à présent comme étant son adversaire.

Elle se reprit aussitôt. Affichant un air nonchalant parfaitement étudié, c'est d'une voix calme et maîtriser qu'elle répondit fraichement à Jo' :

- Je prends ça comme une menace ? Ou plutôt comme une assurance ?

Bouillonnante de ressentiments, la Serdaigle s'éloigna de quelques pas jusqu'à s'adosser à la chambranle d'une porte en face. Mine de rien, elle ne doutait pas que Jo' s'amuserait à la troubler à nouveau. Ravalant sa haine autant que son embarras, Lizzie carra les épaules puis croisa les bras. Ne détachant pas son regard de celui sombre de Jo', le jeune fille faisait la fière mais avait l'impression d'être la proie acculée. Mais cette sensation la rendait vivante, émoustillée. Surtout qu'elle restait dans l'attente de la prochaine pique de Jo', elle tâchaît donc de se préparer psychologiquement à en prendre pour son grade.

Nerveuse, Lizzie ne quittait pas des yeux son interlocutrice. La phrase, envoyée comme un javelot, vint se planter dans le crâne de la bleue... Prends ça comme tu le veux... Elle détestait ça. Ne pas savoir à quoi s'en tenir ni vers quoi elle allait, l'insupportait au plus au degrés. Elle serra les mâchoires et continua à scruter Jo'. La détailler, elle et sa gestuelle.

Qu'est-ce qu'elle pouvait être précieuse ! Sans parler de son égo surdimensionné. Pas étonnant qu'elle soit toujours si seule, sans amis, sans personne à qui se confier, son stupide égo prenait bien trop de place pour laisser une chance à quiconque d'approcher la verte. Et tout ça pour élaborer une carapace, épaisse et résistante, autour d'elle.

- C'était surtout des avances.

Une claque. Cette fille était carrément allumée ! Refroidie par ces paroles, Lizzie rétorqua au tac au tac :

- Bien. Je saurais m'en souvenir en temps et en heure... Mais pour l'instant je préfère avoir du plaisir en couchant avec un mec.

Elle laissa sa phrase en suspens puis ajouta, réalisant de grands efforts pour paraître décontractée :

- Mais si un jour je suis lassée par les queues, j'viendrais te voir pour que tu m'apprennes deux-trois "nouveautés"...

Lizzie se mordit l'intérieur de la joue pour se retenir d'en dire plus. Elle se sentait déjà suffisamment ridicule d'avoir abordé ce sujet avec Jo', alors il ne lui semblait pas nécessaire d'aggraver plus son cas... Pathétique. Elle était pathétique, tout comme cette conversation. Cette conversation qu'elle ne poursuivait que dans le but d'en apprendre plus sur Crabbe... Crabbe et tous les mystères et incohérences qui l'enveloppaient...

Mâchoires serrées et cellules grises fonctionnant à plein régime, Lizzie attendait. Oui, elle attendait que Jo' Crabbe lui envoie une nouvelle bâche. Cette fille commençait sincèrement et irrémédiablement à l'excéder. Comment une telle personne pouvait se supporter elle-même ? Etre tellement infecte lui impose une froide solitude. Et elle agissait comme si elle n'en avait cure.

Mais au fond d'elle, Lizzie percevait que Jo' cachait habilement son jeu. Car chacun se sentirait moralement blessé d'être face à de l'indifférence ou de l'inimitié voire de la haine. Ainsi, l'explication la plus plausible serait la variable "famille". Les éducations plus que strictes, pour ne pas dire brutales, qu'appliquaient les grandes familles de Sang-Purs qui passaient par Serpentard.

Les pensées de Lizzie s'arrêtèrent là. En effet, la pique de Swann fusa, à la fois sèche et aguicheuse. Terrible. Non Pire. Harassant.

- Ma choute, corrigea-t-elle en maugréant, à peine perceptible.

Et sans qu'elle n'y prenne garde, elle vit Jo' lui foncer dessus. Et alors que cette situation lui en rappelait une autre, survenue tout juste quelques minutes plus tôt, celle-ci se réitéra. Au grand dam de Lizzie. Elle sentie les lèvres de la Serpentard se poser sur les siennes. Blasée, la Serdaigle resta stoïque. Mais seulement en apparence. Dans son esprit, le tout était en ébullition, une doucette mixture de haine, horreur, honte et sidération.

Sans regarder Jo' qui s'éloignait rapidement, Lizzie s'approcha des lavabos. Elle en ouvrit un et entreprit de s'asperger le visage et la nuque. Rien de tel qu'un peu de fraîcheur pour se remettre les idées en place. A cet instant, Mimi Geignarde apparut, en pleurs. Lizzie lui jeta un rapide coup d'oeil, puis quitta les toilettes du fantôme, évasive, elle lui murmura un vague "désolée" et "bon courage".