La fillette n’était vêtue que d’un fin peignoir vert clair. Elle s’entourait de ses bras dans une vaine tentative de se réchauffer. Sa respiration haletante, comme si elle venait de faire la course, produisait un petit nuage de fumée. Ses yeux d’un beau bleu clair étaient plongés dans l’admiration du paysage : la neige tombée pendant la nuit avait recouvert de son blanc manteau les rues du village et les toits des maisons. Rien n’avait échappé à la blancheur éclatante de la neige. Malgré la température glaciale, la petite fille semblait heureuse : un grand sourire joyeux s’étalait sur son visage, elle avait un air innocent et en même temps étonné, comme lorsque les enfants découvrent des merveilles sur le monde. C’était ce qu’elle ressentait, le spectacle de son village enfouie sous la neige était formidable, magnifique. C’était juste beau. Elle se sentait bien.
Des rires enfantins retentirent non loin de là, sortant la petite fille aux cheveux bouclés de sa contemplation silencieuse. Sursautant, un air soucieux et méfiant vint prendre place sur son visage portant les rondeurs de l’enfance. Un groupe de gamins se poursuivaient dans la neige, se lançant des boules blanches. Le crissement de leurs pas sur le tapis immaculé brisait l’immobilité et le silence total qui plaisait tant à la fillette. Celle-ci regardait maintenant les autres enfants avec envie, elle semblait vouloir les rejoindre. « Anita !!! » Une main se posa sur l’épaule de la dénommée Anita qui sursauta et regarda avec frayeur la femme qui venait de crier. Ses cheveux bruns et bouclés striés de mèches grises étaient semblables à ceux de la petite, le gris en plus. « Que fais-tu là, tu sais pourtant que le froid ce n’est pas bon pour toi, surtout alors que tu viens d’avoir une crise ! » La petite fille baissa les yeux vers ses chaussons, retenant à grand peine des larmes/ « Mais maman, je voulais aller jouer dans la neige comme les autres enfants ! » Le visage de la femme se teinta de tristesse, faisant écho à celui de sa fille qui semblait maintenant triste et abattue. « Tu sais que tu n’es pas comme les autres chérie, il ne faut pas que tu fasses trop d’efforts. Viens, rentrons, je vais te faire un chocolat chaud et tu iras au lit. »
Hochant doucement la tête, étant dans l’incapacité de contredire sa mère, la petite la suivie à contrecoeur. Juste avant de passer la porte, elle se retourna pour constater avec douleur que les gamins se roulaient maintenant dans la neige, s’amusant comme des fous. Une unique larme roula sur sa joue, puis elle rentra, claquant la porte derrière elle.

La plus grande partie de mon histoire se passe dans le comté de Gloucestershire, situé dans le sud-ouest de l’Angleterre. Je suis née dans un hôpital à Gloucester, la capitale, mais j’ai vécu toute mon enfance dans le petit village de Uley, situé au milieu du comté. Ma mère m’a élevée seule, car mon père, que j’ai du mal à appeler ainsi, a fui dès qu’il a su qu’elle était enceinte de moi. Elle n’était qu’une petite infirmière qui gagnait peu de sous mais heureusement asser pour acheter de la nourriture. Mon arrivée n’était vraiment pas propice, déjà qu’elle était attristée par la fuite de l’homme qu’elle aimait. Pendant que ma mère travaillait, notre voisine la plus proche, Maganne McFee s’occupait de moi. Mais ce n’est qu’à l’âge d’un an et demis qu’on découvrit que j’étais atteinte d’une maladie. Très souvent je toussais et m’essoufflais sans faire le moindre effort. Il m’arrivait de ressentir d’un coup une grande fatigue alors que je n’avais rien fait qui aurait pu le provoquer. Etant très jeune, ma mère et ma voisine ne remarquèrent pas tout de suite que j’avais aussi des difficultés respiratoires lorsque j’étais allongée. C’est seulement après que j’eu eu un malaise que ma mère m’emmena à l’hôpital et que le pronostic tomba, tel un glas : j’étais atteinte d’une hypertension artérielle pulmonaire. Ou en des mots plus simples, une maladie cardiaque asser grave. Je passais toute une série de tests, puis on me donnait de nombreux médicaments et des traitements à prendre régulièrement. Ma vie était mise en danger, et tout cela coûtait très chère. Aussi ma mère devait travailler dix fois plus dur.

Je passais une enfance difficile, recluse. Je restais presque tout le temps à la maison, Mme McFee m’apprenant à écrire et lire pendant que maman travaillait. Je ne pouvais pas jouer avec les autres enfants car les efforts physiques m’étaient défendus, et j’avais souvent des douleurs thoraciques aigues. Il m’arrivait aussi d’avoir des légers malaises suivis de bouffées de chaleur, pertes d’équilibres, champ de visions se rétrécissant... La vie n’était pas facile, ni pour moi, ni pour maman qui travaillait bien trop. Mais il fallait payer les médicaments.
Je me suis toujours détestée de faire subir ceci aux personnes que j’aime. Si aujourd’hui je ne supporte pas que l’on s’inquiète pour moi, c’est parce que j’ai trop souvent été surprotégée, et que j’aimerais enfin pouvoir enfin me débrouiller seule.

La veille de mes sept ans, maman à réussit à trouver un travail de secrétaire payant bien mieux que celui d’infirmière. Elle a sacrifié sa passion pour moi. Encore une fois j’étais la cause de ses ennuis. Mais à cause de ce satané cœur je ne pouvais rien y faire. Seulement subir, et espérer que cela s’arrange. Malheureusement cela n’est jamais arrivé, mais quelque chose m’a aidé à supporter la maladie et à alléger le fardeau de ma mère. Peu avant mon onzième anniversaire, lorsqu’une étrange lettre arriva chez nous...


La petite fille devait avoir dix ou onze ans. Ses longs cheveux bouclés étaient lâchés dans son dos, et sa peau était d’une pâleur à faire peur. Elle était assise sur un banc en bois clair, un châle épais sur ses frêles épaules pour la protéger du vent. Un livre était ouvert sur ses genoux, et elle semblait être passionnée par ce qu’elle y lisait. Ses pupilles bleues allaient de gauche à droite à la vitesse de la lumière.
Un battement d’aile et un hululement déplacé pour l’après-midi lui firent décrocher son attention de son roman. La petite fille releva doucement la tête, et sa bouche forma un « o » parfait lorsqu’elle aperçu l’animal au plumage sombre perché sur le pommier, dans la cour. Un hibou. Qu’est-ce qu’un hibou faisait ici, en plein jour en plus ?
La brunette regarda fixement l’oiseau pendant une minute ou deux, attendant sans doute qu’il s’envole. Mais non, il restait là à la fixer de ses étranges yeux jaunes. Refermant son livre d’un geste sec, la petite décida finalement de se lever, et tout en gardant son châle sur elle, s’approcha de l’animal. Enfin arrivée à côté, elle remarqua la lettre accrochée à sa patte. Plissant les yeux pour mieux voir, la fillette ne fut que plus étonnée de voir que son nom et l’adresse de sa maison était écrite dessus dans une belle écriture violette. Caressant distraitement l’animal, elle s’écria soudainement : « Maman viens voir !! J’ai trouvé quelque chose, tu ne vas pas en croire tes yeux ! »

C’est à cette époque là que nous découvrîmes que j’étais une sorcière. Et oui, moi non plus je n’y croyais pas ! Devinez la tête que je faisais en apprenant que j’étais comme les héros des romans fantastiques que je lisais tout le temps ! Cela me fit un sacré choc, mais c’est surtout ma mère qui fut étonnée ! Cela expliquait les choses étranges qu’il m’arrivait de temps en temps, mes cheveux repoussant en deux jours par exemple... Ma mère m’appris quelques temps après que mon père était un sorcier. Elle n’aurait jamais cru que je serais comme lui, et pourtant, c’est arrivé. Et personnellement, cela m’arrangeait bien. Pourquoi, me demandez-vous ? Et bien parce que comme cela, j’allais enfin servir à quelque chose. Et si je devais partir pour Poudlard, ma mère aurait plus de temps pour elle et je ne lui causerais plus autant de soucis.

Enfin c’est vrai qu’elle a longuement réfléchie. C’est la directrice de l’école qui l’a convaincu de ma laisser y aller car je serais là-bas au soin de leur infirmière si jamais j’avais une crise. Et la magie était bien plus performante que la médecine moldue, cela m’aiderait à aller mieux. Ainsi après être passés dans le Chemin de Traverse (endroit incroyable que j’affectionne particulièrement malgré le bruit), je montais dans le train rouge appelé Poudlard Expess et allait en direction de ma nouvelle vie.
J’avais passé toute mon enfance en solitaire, avec comme seule compagnie une vieille dame me servant de nounou, ma mère et ma maladie. Aussi, je ne répondais pas favorablement aux demandes d’amitié qu’il pouvait m’être fait, et restais à l’écart, fuyant tout contact. J’avais peur qu’on apprenne que j’étais malade et qu’ensuite on me regarde avec un air plein de pitié et qu'on me traite différemment. Je me sens déjà asser à part comme ça, et je n'ai pas besoin de me sentir encore plus différente! Je voulais être considérée comme une fille normale, pas comme un objet fragile. Et puis je ne savais pas si je survivrais à ma maladie, alors autant éviter de créer des liens si c’était pour laisser des personnes tristes derrière moi. Là, je ne manquerais à personne.

En classe j’étais une excellente élève, travaillant avec acharnement pour que ma mère sache qu’elle avait eu raison de me laisser étudier ici. Et puis la magie me fascinait, si merveilleuse, incroyable, différente. J’aimais les choses que l’on pouvait créer avec une baguette magique, tout était si beau !! Je me plaisais définitivement bien dans le monde des sorciers.

Mais j’avais toujours mes problèmes de santé qui me pourrissaient la vie. Je fut dispensée de quidditch pendant ma première année, mais j’allais tout de même asser souvent à l’infirmerie. Car oui, devoir parcourir les nombreux couloirs de Poudlard entre chaque cours me fatiguait et j’avais des malaises et des difficultés respiratoires de plus en plus souvent. Heureusement, un nouveau médicament crée par un brillant sorcier pris plusieurs fois par jour me permis de m’adapter au rythme imposé, et personne ne remarquait que je souffrais en silence, seule.

Aujourd’hui, j’entame ma cinquième année de scolarité, après de superbes vacances dans la forêt de Dean avec ma mère, et j’ai bien l’intention de travailler dur pour réussir mes BUSES et faire en sorte que ma mère soit fière de moi. Quand à ma maladie... Je n’espère plus rien vis-à-vis de ma santé, juste que personne ne remarque quelque chose et que tout se déroule bien. Aller, courage, je suis sûre que tout va bien se dérouler. Je l’espère de tout mon cœur...