« Un immense loup se penche alors sur moi. Il sent horriblement mauvais. Une odeur de mort, de vieille carcasse. Vous avez déjà laissé votre hamster crevé se dessécher dans sa cage ? C'est cette odeur ! Mais en pire ! Alors, le loup ouvre grand sa gueule, son haleine putride me donne un haut-le-corps et il me dit d'une voix rauque, terrifiante: '' Tu vas mourir Faddei Tataryn ! " ».

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- Quoi ?!

Ça c'est le cri de mon père lorsque ma mère lui a appris qu'elle était enceinte, de moi. Ça fait toujours plaisir d'apprendre qu'on est la grosse erreur de nature qui a déboulé pour perturber la petite vie tranquille d'une famille de sorciers, bien installée dans un grand manoir perdu dans la ville magnifique de St Petersbourg.

- Enceinte ! C'est pas vrai... Comme si on n'avait pas assez à faire avec ta Cracmolle de fille !
- On est deux dans le coup, je te rappelle !

Et un point pour ma mère ! C'est vrai quoi, elle ne m'a pas conçu toute seule. Ou alors, elle est très forte ! Ces quelques phrases vous donnent un petit aperçut du caractère de mon cher paternel. Un sorcier fier et caractériel au sang pur, honteux d'être le géniteur d'une Cracmolle.

Neuf mois plus tard j'étais dehors. Ou plutôt huit mois et demi. A croire que j'étais impatient de pointer mon nez et rencontrer cet homme que j'entendais déjà hurler bien avant ma naissance. Une naissance rapide et sans complication. Naissance qui modifia quelque peu l'opinion qu'avait mon père à mon sujet. Naissance facile qui lui donna un fils. Peut être serais-je digne de son sang et de celui de ses ancêtres ? C'est d'ailleurs peut être pour cette raison qu'il insista pour choisir mon nom. Un nom respectable pour le noble fils d'un vertueux sorcier au sang pur. Faddei Nazar Tataryn. Ben voyons ! Et pourquoi pas un troisième prénom pendant qu'on y est ?

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- Faddei !
- Quoi ?
- Descend de là tout de suite !
- Mais...
- Descend je te dis ! Descend de cette armoire tu vas te faire mal !

Je m'exécute devant le regard effrayé et inquiet de ma sœur. Elle a onze ans, j'en ai quatre. Toujours pas de pouvoir magique chez elle alors que je fais déjà inconsciemment léviter quelques objets. Elle est la honte de mon père, je suis sa fierté. Tant de différences entre nous et nous sommes pourtant si proches. Une proximité que notre paternel à beaucoup de mal à tolérer. Le voilà déjà qui intervient...

- Toi ! Je t'interdis de donner des ordres à mon fils !
- Mais ...
- Tais-toi ! Ce n'est pas une sale Cracmolle qui va faire son éducation !

Un père admirable, n'est-ce pas ? A chacune de ses colères ma sœur ne peut empêcher ses larmes de couler. Et moi, je joue le rôle que son propre père aurait dû jouer. Je la réconforte. Et comme toujours ma mère n'intervient pas. Elle n'ose pas ou alors cela lui est égal. Elle croit sans doute qu'elle vaut mieux que son époux. Elle le croit, mais elle est loin de l'être. Me voilà bien ! Affublé de deux géniteurs complètement accrocs à leur statut de sang. A quatre ans j'éprouvais déjà une certaine aversion envers mes parents. Et je crois que c'est à peu près à cette période que j'ai commencé à vraiment haïr ma famille...

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- Faddei, descends s'il te plait ! Ton cousin est là !

Mon cousin ? C'est qui c'ui-là ? Bien sûr, je sais que mon père à deux sœurs et un frère et que ces derniers ont des enfants, mais je ne les ai jamais vus. A l'époque je n'ai pas vraiment compris ce qu'il s'est passé. Je crois que le père de mon cousin est mort de je ne sais quelle maladie quelconque et que comme sa mère l'avait abandonné à sa naissance, mes parents sont devenus ses tuteurs. Ou un truc comme ça... Ma mère m'a dit: « Il sera comme un frère pour toi ! » Mais qu'est-ce que je m'en fiche ! J'ai jamais demandé de frère moi ! Mais encore une fois, on ne m'a pas laissé le choix. Donc je me retrouve avec un frère de mon âge, que je ne connais pas le moins du monde et que je n'ai pas envie de connaître.

Après que ma mère ce soit égosiller dans la cage d'escalier je daigne enfin me bouger afin de descendre dans le hall. Et là je découvre un garçon au visage antipathique et narquois. Mon cousin ne me ressemble pas. En fait, notre seul point commun est notre entêtement. Imaginez-vous deux gamins de huit ans, têtes de mule et bien décidé à se livrer une gueguerre sans répits. Je ne l'avouerais sans doute jamais, mais il me rendit un grand service. Étant comme moi un sang pur, mon paternel ralentit un peu sur Faddeai et se tourna vers son neveu. Merci Cousin ! Je n'ai jamais compris pourquoi je ne l'aimais pas. Peut être est-ce dû au fait que lui non plus n'a jamais pu me supporter. Il était rare qu'un repas ne se finisse pas en crêpage de chignons...

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J'avais dix ans quand un événement vint chambouler le coure de ma vie. Enfin, non pas tellement en fait. Cela a peut-être juste un peu altéré mon régime alimentaire et mon physique, mais à part ça... Bon, on me dit que c'est important, donc je vais quand vous le racontez. Mes grands-parents paternels, tout aussi détestable que mon père, ont un jour décidé de nous inviter à la campagne. Étrange quand on sait que c'est leur première invitation depuis.... Cinq ans !

- Faddei, mange ta viande ! C'est très bon pour la santé !
- Je la mangerais si je veux, t'es pas mon père de toute façon !
- Mange !
- Bouffe-là si ça te fait tant plaisir !

C'est sortit tout seul. Ce vieil imbécile m'énervait tellement que je n'ai pas pu m'en empêcher. Nan mais. Ça ne me connaît même pas et ça se permet de me donner des ordres ! Cette insolence me valût une bonne raclée de la part de mon père. S'il croit que c'est comme ça que je vais respecter ces deux vieux, il se fourre la baguette magique dans l’œil jusqu'au trognon.

Vexé par cette gifle, je me suis levé et me suis éloigné de la maison de mes grands-parents pour m'engouffrer dans la forêt. La nuit tomba plus vite que je ne l'avais imaginé. Peu importait, je ne comptais pas rentrer maintenant. Erreur de ma part.
Je frisonne. Assis contre le tronc d'un arbre, je n'ose faire le moindre de geste. Un long hurlement retentit alors. Je l'ignore. Les loups n'attaquent pas les hommes. Je me trompais. Bientôt, une masse s'abat sur ma nuque et je sens quelque chose de pointu s'enfoncer lentement dans ma chair. Ce ne fût pas tant la douleur que cette haleine fétide qui atteignit mes narines qui me fit perdre connaissance. Je n'ai même pas pensé à crier. A quoi cela aurait-il servi ?

Je me réveille. La nuit ne s'est toujours pas retirée. Je suis allongé sur le dos, baignant dans mon sang. Je fixe le ciel. Les nuages s'effacent alors et laissent apparaître une lune parfaitement ronde. Je comprends alors avant de sombrer à nouveau.

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Comme tous les soirs de pleine lune, ma sœur m'emmena dans une forêt bien isolée, afin que ma transformation aie lieu avec le moins de risque possible. Jusqu'à maintenant, je crois que je n'ai mordu personne, c'est l'essentiel. Je dis ''je crois'' car il m'est impossible d'en être totalement sûr. Ma conscience n'appartient pas qu'à moi lors des nuits de pleine lune. Pourquoi était-ce ma sœur qui s'occupait de cela me demanderez-vous ? Car lors de mes toutes premières métamorphoses, mes parents se contentaient de m'enfermer à double tour dans les caves du manoir familiale. Ma chère sœur ne l'a pas supporté très longtemps. Ce soir-là donc, il devait être aux alentours de dix-sept heures quarante-cinq et ma sœur et moi roulions en direction des bois les plus reculés de la région. Ce que nous ignorions, c'était que nous n'étions pas les seuls dans la voiture. Mon cousin, a qui nous avions toujours caché ma ''différence'', emporté par sa curiosité s'était caché dans le coffre du véhicule. Fouineur !

Arrivé à la lisière de la forêt, Ma sœur m'embrassa sur le front et me souhaita son ''bonne chance'' mensuel. Un peu à contre-coeur je sortis de la voiture et ne vis pas le garçon qui sortit discrètement du coffre de la voiture avant de se précipiter dans la forêt. Comme à chaque pleine lune je m'enfuis en frissonnant dans les profondeurs des bois afin d'attendre ma transformation. Dix-neuf heures cinquante-huit, la lune perça enfin à travers les nuages. Je me mis à hurler. Une douleur atroce me traversa l'échine. Je sentais mes ongles se courber, les canines déjà proéminentes pousser à une vitesse fulgurante tandis que mon corps se couvrait d'un pelage brun-roux. La chasse commençait. Je n'étais pas seul dans cette sombre forêt. Non... Une présence m'épiais, je le sentais. Mon regard se posa alors sur un jeune garçon d'une dizaine d'années tremblant de peur, caché dans un buisson. La bave aux lèvres je me précipitai sur le petit curieux qui n'eut que le temps de pousser un cri. Déjà mes mâchoires se refermaient sur le coup de l'enfant, sa nuque céda. Quelques minutes passèrent durant lesquelles je m'acharnai sur son petit corps frêle, avant de le laisser là, sans vie. Plus jamais mon cousin ne me causera de soucis, sa curiosité l'avait mené à la mort.

Ma sœur découvrit le corps de son petit cousin aux premières lueurs de l'aube et l'enterra sans poser de question. Jamais elle ne m'en parla. Pour mes parents et le reste de la famille, cet enfant était mort de la Dragoncelle.