Du calme, du calme ... C'était à la fois ce que je recherchais Jo' & ce qu'elle s'astreignait à faire.

Elle finissait par penser que sa scolarité lui deviendrait bientôt aussi pénible que la vie chez ses parents. Ne vous y trompez pas. Ici, personne n'aurait eu l'idée de lui jeter un Doloris, mais la pression qui pesait sur ses épaules menaçait de l'écraser sous peu. Qui avait eu cette idée stupide de lui faire espionner son professeur de potions ? Qui ? Ses parents, évidemment. Et vers qui pouvait-elle se tourner pour avoir un avis sur la question ? Pas vers Théodore Nott, ça c'était certain. Lequel l'avait déjà grillé, d'ailleurs.

Il faut dire, qu'elle ne mettait pas beaucoup de cœur à l'ouvrage. Elle haïssait cette mentalité. S'il ne tenait qu'à elle, alors elle suivrait l'exemple de cet homme qui, en pleine bataille, s'était détourné de ceux qui avaient été ses amis depuis l'enfance. Elle, elle n'avait pas eu d'amis, mais au jour d'aujourd'hui, quel bonheur ce serait de laisser tomber sa famille ! Son abruti de frère qui ne pensait qu'à entrer de nouveau dans ce château pour en violer le calme. Ses parents qui comme des chiens suivaient les ordres du Lord. Va chercher la baballe, va !

Et elle dans tout ça ? Quelqu'un finirait-il enfin par lui demander son avis ? En dehors de Dean, personne ne se souciait de ce qu'elle pensait. Fort heureusement, il était là.

Et si ils semblaient fort différents, lui anti-mangemort et elle fille de partisans du Seigneur des Ténèbres ... Ils étaient en réalité particulièrement semblables. Leur amitié les sauverait-elle de ce qui les attendaient au dehors ? Bonne question ...

Au finale, elle ne voulait pas entendre la réponse, ce qui l'attendait après Poudlard, elle le savait. Le mariage avec un Sang-Pur désigné par ses parents. Un homme qui suivrait les idées de Lord Voldemort. Avait-elle donc une chance, un jour, de ce sortir de ce destin boiteux ?

Si seulement Dean était là pour l'aider à y voir plus clair ...

Et quand on parle du loup ...

Je n’aime pas la neige. Cela doit être pour ça que j’apprécie autant l’été. Ce soleil chaud qui me caresse le visage, et les ombres qui s’agrandissent au fur et à mesure que la journée passe. Mais moi, je n’aime pas la chaleur. J’ai le corps brûlant naturellement, je suis toujours en t-shirt, j’ai même du mal à supporter la robe de sorcier obligatoire à Poudlard. Alors, la plupart du temps, je la dénigre, et je reste en t-shirt, avec un vieux jean troué. Et l’écusson de Serpentard sur ma poitrine.
Le ciel se colorait de rose, la journée se finissait, dans une heure, il faudra rejoindre la salle commune. Et moi, comme un simplet qui rentre dans le moule, je suivrai le mouvement, et me coucherai en même temps que les autres. Je ne veux pas me faire remarquer. Discrétion est mon maître mot. Je suis discret. J’aime ça.

Il ne me restait qu’une heure pour crapahuter dans les couloirs ou dans le parc, et je ne savais pas trop où aller. Comme une âme en peine, tout seul, je marchais sur les bords du lac, mon sac à dos jeté négligemment sur une épaule, le visage impassible et les traits indéchiffrables. Quelques filles adossées à un arbre gloussèrent en me voyant passer, je ne pris même pas la peine de leur jeter un regard méprisant. Inintéressantes, inintéressantes.
De toute manière, je n’aime pas les gens, je les aime encore moins que la neige. Tous à être sociables, gentils, ils sont à Poudlard et se croient protégés; bande de Scroutt. Personne n’est protégé, personne n’est en sécurité. Le château sera pris un jour. Je n’y serai plus, bien sûr, mais il sera pris, et alors tous périront, McGonagall, Nott, ils mourront tous dans d’atroces souffrances pour avoir osé résister au Seigneur des Ténèbres.

Je levai les yeux vers la tour d’Astronomie, las. Mon regard perçant capta une silhouette que je connaissais bien, à la fenêtre, et je me dirigeai aussitôt vers le château. Je venais de trouver quoi faire de ma dernière heure de libre.
Swann et moi, c’était une longue histoire. Tout d’abord, on ne s’aimait pas, on était des gamins de onze ans qui ne s’appréciaient vraiment pas. Je l’énervais, je le savais, donc j’en rajoutais. Mais tout à changé lorsque je l’ai empêchée de tomber de son balai. Depuis, je lui donne des cours particuliers de Quidditch, et je suis ravi de voir qu’elle s’améliore beaucoup. J’aimerais pouvoir la faire entrer dans l’équipe, mais comme je l’ai dit… je reste dans le moule. Pas de filles dans l’équipe de Serpentard…

Les escaliers vers la Tour d’Astronomie me semblaient interminables. Je les grimpai quatre à quatre, maudissant Jo’ et sa manie de s’isoler aussi loin. Mais j’étais sportif. Arrivé en haut, je n’avais pas une goutte de sueur, simplement le souffle un peu court. D’un ton sarcastique, je lui lançai:

« - Si tu veux te suicider, ça ne sera pas aujourd’hui, je suis arrivé!

Et je refermai doucement la fenêtre, coupant l’arrivée de l’air qui se rafraîchissait de plus en plus.

Essoufflé. Comme si mon meilleur ami s'était précipité dans les escaliers, les montant quatre à quatre pour arriver ici plus rapidement. Je ne voyais pas très bien pourquoi, en fait. Ce n'est que lorsqu'il ferma la fenêtre & parla que je fis le rapprochement.

- Si tu veux te suicider, ça ne sera pas aujourd’hui, je suis arrivé!

Me ... ?!

Nan mais ça va pas la tête ? Qui va sauver ce monde qui part en citrouille, si je saute par cette fenêtre ?

- Dean, pour une fois, je suis ravie de te dire que tu t'es complètement trompé.

D'ailleurs, c'est un intense soulagement de savoir que ça lui arrive, parfois j'ai l'impression que ce mec est si parfait qu'il n'a jamais tort. Pfioouu ! Il est comme moi, il lui arrive de faire fausse route, sauvé !

- Je me contentais de prendre l'air & d'admirer le paysage, dis-je avant de le détailler.

Vraiment, si ce n'était pas mon meilleur ami, & si nous n'étions pas exactement pareil, je lui sauterais probablement dessus, pour un temps en tout cas. Je ne suis pas tout à fait du genre à m'attacher. Cela n'apporte en fait que des problèmes & des souffrances. Probablement, que quelqu'un me dirait que notre amitié est un attachement l'un à l'autre & l'un pour l'autre mais je trouve ça différent.

Nous nous connaissons par coeur, savons comment l'autre réagira, quelle que soit la situation. Et cela fait notre force.

- Au fait, comment m'as-tu trouvé ? Je pensais qu'à cette heure-ci tu traînerais du côté du terrain de Quidditch.

D'ailleurs, parler de ça me rappelais que j'avais bientôt une leçon avec lui, mais quand était-ce ? Demain ? Ou après-demain ? Bof, je m'en souviendrais en temps utile. Ou alors il me le redirait. Tout à fait son genre ça.
Depuis plusieurs années, Dean était mon coach personnel de vol, ça me plaisait bien, et en cette dernière année, je comptais réellement obtenir ma place dans l'équipe de Serpentard. Une équipe exclusivement composé de garçons. Mais ça ne me faisais pas peur. Je les battrai à plates coutures aux sélections. Et c'était tout !

Je levai les yeux au ciel. Comme si j’avais vraiment cru qu’elle voulait se suicider!

« - C’était de l’humour, nouillasse! Je te crois suffisamment intelligente pour trouver une manière plus discrète et distinguer si jamais tu voulais t’ôter la vie. Et je te crois également suffisamment maligne pour savoir que je t’en empêcherai.

Je fis une grimace, et ajoutai, narquois:

« - Mais peut-être en réalité es-tu juste stupide et pas très futée!

Jo’ était la seule avec qui je me permettais de montrer mon vrai visage. Avec elle, je pouvais être enjoué, être le garçon malicieux que je n’étais avec personne d’autre. À force, notre amitié m’avait permis cela. Au début bien sûr, j’avais été froid, distant, méchamment sarcastique mais bon. Tout change, il faut croire!
D’ailleurs, si quelqu’un se cachait là et me voyait être ainsi, personne ne reconnaîtrait le Dean Barrett que je montre au grand jour, l’indifférent maniaque, le je m’en foutiste négligent. L’image de soi. Quelque chose que je garde précieusement.
À sa remarque, j’haussai les épaules. Ce n’est pas parce que je suis le meilleur joueur de Quidditch de tous les temps (oui, je m’aime) que j’y suis tout le temps. Pas besoin d’entraîner la perfection… ce sont plutôt mes mollusques de joueurs qu’il faut que j’entraîne! Et cette demoiselle.

« - Tu as l’air mélancolique. Lasse.

De simples remarques prononcées sur mon ton badin habituel. Je m’assis par terre, repliant un genou, et y posant mon bras négligemment. Une attitude sexy et flegmatique. Je calcule tout ce que je fais, pour savoir tout ce qui se passera.

L’avantage, avec J-S, c’est qu’elle et moi, nous sommes amis. Les meilleurs amis. C’est LA fille qui ne viendra jamais me supplier de sortir avec elle, et je trouve ça génial. Toutes ces nanas perturbées qui viennent me lécher les bottes, ça m’exaspère. Et l’autre avantage, c’est qu’elle se met dans des situations pas possibles avec d’autres mecs, mais n’a pas besoin de moi pour s’en sortir. La petite Josiane est devenue grande.

« - Bon, eh, Crabbe, raconte un peu ce qui te chiffonne, qu’on passe pas l’heure qui suit à se regarder en chien de faïence!

Je préfère aller droit au but plutôt que d’attendre, attendre, attendre, et au final ne rien savoir. Je ne peux décemment pas aider mon amie dans ses espèces de missions pourries du Seigneur Face de Serpent, mais être au courant, au moins, m’empêche les mauvaises surprises.

Et là, elle me fait son speech. Ce genre de phrases collées les unes avec les autres, ou on a l’impression que la fille ne respire plus et balance tout d’un trait. La fille, oui, parce qu’il n’y a que les filles pour tout balancer ça comme ça à la figure de quelqu’un, comme une bombe prête à exploser. Alors j’ingérai toutes les informations qui m’explosaient à la figures.
Elle est censée surveiller Nott?
Faire entrer ce gros balourd de Crabbe ici?
Se faire marquer à Noël?
Marquer, genre, la Marque des Ténèbres?
Moi sinon un jour j’ai rencontré un lapin tueur en série à Chouville, et je le vis plutôt bien.

Alors que c’était la tornade dans ma tête, cette dernière penser me fit presque rire, et je dus masquer cela en faisant semblant de tousser.
Bon, cerveau mode off, rallumage… cerveau mode on, merci!
Se faire marquer à Noël était sans doute la pire des trois nouvelles qu’elle venait de m’annoncer, bien que faire entrer son frangin à tête de poulpe n’était pas du tout une bonne idée non plus. Je fronçai les sourcils. Il n’y avait pas de solutions à ça.

« - Bah, euh. C’est le karma!

J’avais haussé les épaules, fait une grimace fataliste et parlé sur le ton de l’évidence.
Oui, je sais. Je suis un bien piètre ami.

« - Ou alors, ben, tu peux aller voir McGonagall et être un agent double pour elle, et elle arrivera sûrement à trouver un moyen pour que tu ne te fasses pas marquer.

Dix ans plus tôt, cela aurait été aberrant de parler comme ça. Une enfant de dix-sept ans, tatouée de la Marque des Ténèbres? Mais aujourd’hui, les temps étaient différents. Poudlard était le seul endroit qui résistait encore au Seigneur. Alors forcément, par esprit de contradiction, il le voulait. Par conséquent, le seul moyen était: les élèves.
Moi, je ne suis pas pour le Seigneur des Ténèbres. Assassiner les gens à cause du racisme, je n’approuve pas. Je n’aime pas les moldus, encore moins les Sang-de-Bourbe, mais je n’irai jamais jusqu’à les assassiner. Quelqu’un qui tue sans vergogne est quelqu’un qui n’est pas humain.
Mais je ne suis pas pour non plus l’Ordre du Phénix. Eux, ils se croient plus intelligents et plus forts que les autres, parce qu’ils avaient Rogue dans leur équipe, et Dumbledore, et Potter, mais vous savez quoi? Bah ces trois là sont mort, bang bang bang.
Alors je ne suis rien, je ne prends pas parti. Certaines idées d’un côté m’intéressent, de l’autre aussi, par conséquent, je reste sur la ligne neutre. Malheureusement, ce n’était pas offert à Jo’, mais elle pouvait encore choisir l’Ordre ou la Marque.

[désolée court, ai du mal ce soir, j’écris n’importe comment XD]

A l'air évasif qu'il a, je peux dire qu'il est à la limite de s'enfuir. Dean est un garçon adorable, mais il ne comprend pas que dans certains cas j'ai besoin qu'il ait confiance en ce que je fais. J'ai presque l'impression de le déranger avec mes problèmes, pourtant je sais que ce n'est pas ça du tout. Il ne sait juste pas comment réagir lui qui ne prend part pour personne.

« - Bah, euh. C’est le karma!

J'attendais tellement plus que juste une réflexion simpliste ...

« - Ou alors, ben, tu peux aller voir McGonagall et être un agent double pour elle, et elle arrivera sûrement à trouver un moyen pour que tu ne te fasses pas marquer.

Aller voir McGo, ça commençait à faire un moment que j'y pensais. Mais comment la convaincre de qui j'étais réellement ? Et comment empêcher que je sois marqué ? ça au moins, semblait inévitable. Depuis l'enfance on me répétait que je serais marquée aux alentours de mes 17 ans. Ne voyant pas venir cette marque durant l'été, je m'étais réjouie, pour mieux me désespérer lorsque ma mère m'avait annoncé la nouvelle.

Je les haïssais tous autant qu'ils étaient.

Tous ces dégénérés ... Pour qui, un seul sang devait régner. Pourquoi ? Pourquoi ?

- Et toi, Dean, qu'est-ce que tu vas faire ?

Voyant son regard interrogatif, je poursuivis calmement :

- Qu'est-ce que tu vas faire quand tu devras choisir un camp ? Ou alors éviteras-tu tout ceci en fuyant ?

Certains diraient que je m'emporte, ils ne savent pas de quoi ils parlent. Je voudrais juste secouer Dean, savoir ce qu'il pense tout au fond de sa caboche, derrière ce masque impassible. J'ai beau le connaître par coeur, savoir qu'il hésite entre l'un et l'autre, j'ai besoin qu'il prenne une décision.
D'un côté, cette décision mettra peut-être fin à notre amitié, si il choisit le Seigneur, mais je refuse d'y croire. Je préfère penser qu'il sera toujours avec moi.

[HJ : Lamentable, je sais mais je suis totalement HS]

J’haussai un sourcil, mon regard clair devenant instantanément glacial. Fuir, moi? Peut-être. Parce que je ne voulais pas tuer, mutiler, blesser, assassiner sauvagement, découper en rondelles, manger des cœurs humains et autres salades en étant du côté de Tête de Serpent. Par ailleurs, je ne voulais pas non plus combattre, être en première ligne, manger des plats froids tous les jours parce que je suis un paria, manquer de me faire tuer à chaque seconde ou risquer des missions difficiles et ardues. Alors oui, peut-être que je fuis, mais il vaut mieux ça plutôt que d’y laisser sa peau, et bon Serpentard que je suis, j’accepte cette idée avec un flegme étonnant. Voilà.

Et puis, franchement, Jo se prend vraiment trop la tête. Bah quoi? Sérieusement! Ok, il lui arrive un tas de malheur, c’est terrible, c’est affreux, mais de là à en parler tout le temps… oui, moi je sature, et c’est comme ça. J’aime bien le silence, qu’il ne soit pas entrecoupé de sanglots ou de larmes à répétitions parce que mademoiselle va se faire marquer. Elle peut fuguer, aussi, hein, s’enfuir, refuser toute domination, comme moi. Tiens, moi, je compte aller m’installer en Espagne jusqu’à ce qu’un nouveau héros vienne tous nous sauver! La passivité, il n’y a que cela de vrai.

« - Ouais, je crois que c’est ce que je vais faire.

Ce n’était évidemment pas la réponse qu’elle attendait. Peut-être un « je resterai toujours avec toi, ma belle! »? Eh bien non, je ne choisirai pas de camp. Je ne suis pas fou, moi. De toute façon, de mon côté de la ligne, aucun des deux ennemis ne m’embête. Je suis un sang-mêlé, donc les mangemorts me fichent la paix, et du coup, l’Ordre n’en a rien à faire de ma figure. Voilà. Simplicité avant tout.

Et, sentant la tornade qui allait arriver, je crois les bras sur mon torse, la fixant d’un air « va-y, engage une conversation longue, très longue, ou toi et moi finirons par nous disputer et où je rentrerai dans mon dortoir sans même te dire bonne nuit. Va-y, je te connais! ». Ce genre de situations arrivait un peu trop souvent en ce moment à mon goût. Elle avait certes à réfléchir pour savoir ce qu’elle allait faire, mais moi, je ne suis pas une décharge à secret. Je les garde très bien, soit, mais je ne veux pas les entendre, c’est ça le problème. Je veux bien être l’ami des gens, moi, mais pas le confident.
Bien sûr, toutes ces pensées sont secrètes, et je n’en dirai jamais un mot à Swann, car la pauvre risque de se vexer et de ne plus me parler du tout. Et maintenant qu’elle m’a à moitié forcé à sa compagnie, si je m’en passais, je m’ennuierai!

Aussi resterai-je là, bras croisés, attendant une réaction de sa part. Je ne dirai pas un mot de plus, de peur qu’elle ne retourne chacune de mes paroles contre moi. Aller voir McGonagall était la meilleure idée que j’aie eu depuis un bon moment, elle ferait bien de l’écouter au lieu d’aller se faire tatouer comme une vache!
Et puis au pire, moi, je m’en fous, en réalité, je n’aime réellement que moi, les autres se débrouillent. Josiane monte un peu plus haut que les autres, je l’aime bien, mais voilà. Je suis un éternel solitaire à la recherche du calme et du silence, incompréhensible aux yeux des autres imparfaits, tel un dieu aux yeux des blaireaux, et c’est comme ça.
Parfois, je me demande comment je me supporte, quand même.

[toujours court, mais là j’ai un peu de mal excuse.]

Je souris d’un air satisfait. Mes idées étaient toujours les meilleures, il faudrait s’y faire. Mais moi, j’étais vraiment content de n’avoir aucun choix à faire. De ne pas être pris en sandwich. Contrairement à la plupart des élèves de ma maison, je n’avais pas autant d’ambition qu’eux. Genre devenir le prochain grand mage noir qui terrifierait tout le monde. Certes, ça pourrait être tentant, j’en ai les capacités, et surtout, je suis vraiment doué en magie, si je me donnais les moyens, je pourrai éliminer tout ceux qui sont contre moi, mais ça ne m’intéresse pas. J’aimerais devenir joueur de Quidditch professionnel, pouvoir être sur un balai tout au long de ma vie, échapper, par ce moyen, à la réalité.

Mais ladite réalité me rattrapa brusquement à la question de Jo. Je la fixai, indéchiffrable. Si elle croyait cela de moi, pourquoi était-elle toujours ici? Si elle avait une si basse opinion de mon humble personne, qu’est-ce qu’elle foutait encore dans mes pattes, hein??!! Je croyais avoir suffisamment démontré, rien qu’avec ma présence, mon attachement à Swann. Personne d’autre n’accaparait mon attention à ce point, et le fait qu’elle me dise ça me donnait envie de la jeter par la fenêtre que j’avais refermée.

« - J’espère que tu ne crois pas réellement ce que tu dis, parce que tu me blesses.

Je fis un sourire forcé. Mais mes yeux étaient soudain devenus froids. Pour éviter de devenir sérieusement sarcastique et méchant, de partir sans me retourner, et de décider de ne plus revenir. Je suis un extrémiste, moi. Si je pars, je ne reviendrai pas, c’est elle qui fera le premier pas, sinon, on ne se reparlera jamais.
Dommage qu’elle soit extrémiste aussi.
Pff, on s’en sortira jamais…

Mon regard, de bleu azur, était passé à la couleur de l’argent liquide, le rendant presque transparent. Je savais que cela pouvait faire peur; Mais Josiane me connaissait, mieux que quiconque sans doute. Mais je desserrai lentement les mâchoires, tentai d’adoucir la brutalité de mes prunelles, d’effacer toute trace d’émotion sur mon visage. J’espérais réellement qu’elle ne pensait pas ce qu’elle disait, car si elle pensait que je n’en avais rien à foutre, cela était inutile qu’elle et moi restions amis. La confiance marche dans les deux sens. Ou ne marche pas.

« - Si tu vas voir McGo, je t’accompagnerai si tu le désires.

J’étais même prêt à jurer de la protéger s’il le fallait - mais peut-être pas au péril de ma vie quand même, je m’adore trop - de jurer que je serai là quand il faudrait. Mais cela, je ne le lui dis pas. Disons que je tenais à mon éternelle solitude, et que si je jurais cela, je serai avec elle tout le temps. Disons, à chaque fois qu’elle sort. Et être sur le dos l’un de l’autre pendant tant de temps finirait par nous séparer définitivement.
Mais je savais que je n’avais nul besoin de le lui dire. Elle devait le savoir. Savoir que je l’aimais beaucoup, que malgré ma lâcheté et ma couardise, je braverai des dangers pour elle.
Non, sérieusement. Est-ce qu’elle le sait?

Outch. J'avais dis quelque chose qu'il ne fallait pas. Enfin plutôt, j'avais mal choisi mes mots, et ça c'était dur à accepter pour Dean, je le savais déjà. Le fait que j'ai pu dire une chose pareille le chamboule. Je le sais à son sourire forcé et à son ton. Même si il tend à me le cacher, je le connais par cœur. Nous sommes amis depuis notre première rencontre. Il m'a appris à voler. Sa plus grande passion. Et pour lui qui ne se lie à personne et dédaigne les autres, c'est un vrai acte d'amitié. Je le sais. Alors, je regrette mes mots. J'ai beau être fière, Dean est le seul à qui je ferais un jour des excuses. Je suis difficile à supporter, c'est vrai. Mes dilemmes continuels me rendent invivable. Mais il est toujours là pour moi. Comme un grand frère qui m'aiderait en riant à me relever, chaque fois que je chute.

Et pour ça, je ne veux pas le blesser. Exactement ce que je viens de faire, en somme.

« - J’espère que tu ne crois pas réellement ce que tu dis, parce que tu me blesses.

Et voilàà ...

Baam ! Dans ta face, Jo' Swann !

Cette fois, c'est moi qui ai mal. Mince ! Faire une erreur de langage, ça arrive, non ? Mais pourra t'il le comprendre, entêté comme il l'est ? Par bien des côtés, il est mon double masculin. Silencieux et secret. Froid mais franc quand on le connaît. Il est fait de dédain et de fierté, mais il est mon meilleur ami, et ce n'est pas pour rien. Nous sommes pareils.

« - Si tu vas voir McGo, je t’accompagnerai si tu le désires.

Ouuf. Alors ça, ça fait vraiment réfléchir. Dean ne se mettrait pas en danger pour quiconque. Mis à part moi, apparemment. Je ne sais pas comment je suis censée le prendre. Je serais sans doute prête à risquer ma vie pour lui, mais à vrai dire, cette vie que vaut-elle ? Certes, si j'en avais une autre, dans un monde libéré, sans parents Mangemorts, je n'en dirais peut-être pas autant. Mais est-ce que dans ce fabuleux monde, notre amitié existerait ? Je n'en suis pas si sûr. Ce qui nous a rapproché, en dehors de nos défis, ce sont nos histoires. Et dans ce monde merveilleux, nos histoires seraient comme des pages blanches de toutes écritures sombres.

- Tu sais que je ne voulais pas dire ça, j'imagine ? Dis-je d'une voix froide. Ce n'était qu'une façon de parler.

Je ne sais pas m'exprimer autrement qu'avec ce ton froid, clinique. C'est comme si on ne m'avait livré qu'avec cette voix glaciale. N'avais-je donc jamais un air enjoué ? Ma voix ne se parait-elle jamais d'éclat ? Mystère. Mon ton usuel demeurait.

- Je prends note, et ne t'étonne pas si j'en viens à te harceler avec ta proposition, Dean, dis-je en tentant d'adopter un ton plus léger.

Je me détends. Je ne peux m'empêcher de noter qu'au final c'est elle qui a fait le premier pas vers moi. Comme toujours, ce sont les autres qui viennent à moi. Quel talent ! Non, vraiment, je vois bien que j'ai une sorte d'emprise sur elle, elle a beau être du genre extrémiste, c'est au final moi qui gère la situation... Quoi, moi ? Un maniaque du contrôle ? J'aime seulement garder un oeil sur tout ce qui m'entoure, ça m'évite les mauvaises surprises... Mais de là à être hypomane... Okay, j'admets. Et puis la dernière remarque de Swann tombe, comme ça, sans prévenir.

Ha c'est la meilleure celle-là ! Me harceler pour ça ? J'espère quand même qu'elle prendra rapidement sa décision... Si je dois supporter ses monologues incessants sur le thème : "Je vais voir / pas voir McGo ?" durant des semaines, je ne suis pas sûr de tenir le coup. Certes, je l'apprécie, et d'une certaine manière je me suis même attaché à elle... Mais supporter ses délires de persécutions c'est too much ! C'est un combat perdu d'avance. Je suis parfait, mais ma patience à des limites.

Je lui jette un rapide coup d'oeil. Ma colère redescend, mes idées sont plus claires. Je remarque alors qu'elle s'était essayée à une forme d'humour (très sommaire), mais la connaissant je pressens malgré tout que son affirmation est sérieuse.

- A ce que je vois, je suppose que ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd.

Mon ton est sarcastique, d'un autre côté, je le lui ai dit : je serais là pour elle. C'est un fait. Il faut croire que J-S mène aussi la danse, par moment, dans notre relation hors-norme. Ce constat m'inquiète quelque peu. Ma liberté s'en trouve limitée si j'ai quelqu'un dont je me soucie... L'exile en Espagne, à voler toute la journée sur mon balai dernière génération, loin de la Guerre et de ses génocides, s'en trouve compromis.

Toujours est-il que jamais, je m'en fais la promesse (et j'essaierai de la tenir), je ne prendrais parti dans cette Guerre. Soutenir Jo' quand elle en aura besoin est déjà un bel engagement. Penser à elle en plein combat me pousse à l'observer différemment. Physiquement, elle a l'air fragile, mais son mental, entraîné depuis la petite enfance est prêt à supporter toutes les infamies. Je me surprends à ressentir ce qui ressemble à un semblant d'inquiétude pour elle. D'un autre côté, elle est plutôt intelligente et douée en Magie. Elle devrait s'en sortir et peut-être même sans que je ne m'en mêle. Le bonheur ! Et j'en viens même à plaindre ses ennemis.

Etant donné qu'elle a fait le premier pas vers moi pour "s'excuser" en quelque sorte, je reprends la parole, sur mon ton badin usuel :

- En tout des cas, vu ta réaction, je me félicite de t'avoir proposé de t'accompagner chez McGo, plutôt qu'une proposition de mariage. Je ne suis pas sûr que j'aurais tenu le coup face à toi !

Je lui fais un clin d'oeil aguicheur accompagné d'un de mes sourires voilés dont j'en ai le secret. C'est ce que j'aime par dessus tout avec Swann, c'est que jamais elle ne se fera d'idées sur mes intentions. Pas comme la ribambelle de sauterelles qui siègent à Poudlard et qui s'extasie à ma vue. C'est tout juste insupportable. N'ont-elles donc aucune dignité ? Bref... Je suis beau mec.

[HJ : Désolée, c'est pas top, mais je m'habitue au personnage ^^]

EDIT CHESS: excellent, franchement, c'est génial bravo tu as parfaitement saisi le personnage, c'est trop bien ! Bonne continuation =)

La jeune Serpentard réprima un soupir de soulagement. Dean n'était plus en colère contre elle. Bah quoi ? Même si elle ne l'avouerait jamais, subir un Dean en colère, c'était pas une partie de rigolade, c'était même un peu effrayant. Fallait pas croire, les Serpentards étaient certes des êtres froids, mais quand ils étaient furieux, les gryffons faisaient bien pâle figure à côté. Personne n'aurait su rivaliser face à Dean. Et c'était bien ça qui plaisait à Jo.
Avoir un camarade aussi fort qu'elle. Au moins aussi intelligent, aussi beau. L'élite. Personne ne leur arrivait à la cheville, et ce ne serait sans doute jamais le cas. Ils étaient à part, dans un monde qui n'appartenait qu'à eux.
Et même si, au contraire de Jo Swann, Dean faisait tout pour éviter d'être parti prenante, ils étaient du même côté.

- En tout des cas, vu ta réaction, je me félicite de t'avoir proposé de t'accompagner chez McGo, plutôt qu'une proposition de mariage. Je ne suis pas sûr que j'aurais tenu le coup face à toi !


Il sourit, fit un clin d'oeil à la jeune fille et lui arracha un éclat de rire. Ce gars-là savait ce qu'il fallait dire, au moment ou il le fallait pour détendre l'atmosphère. Et la jeune fille lui en était reconnaissante.
Non, elle ne se faisait pas de fausses idées sur sa relation avec Dean. Ils étaient semblables et c'étaient bien pour ça qu'ils ne pourraient jamais être ensemble. Ils ne réussiraient pas à se supporter avec leurs égos immenses. Mais cela les faisaient rire de suggérer cette attirance, de laisser planer le doute sur leur relation. Ils s'amusaient aux dépends de toutes leurs conquêtes passés, présentes et futures. Et rien ne les arrêtaient.

- Aaah ! J'aurais tant aimé que ce soit ça ! J'attends ce moment depuis si longtemps, Deanny chéri, plaisanta la Serpentard d'un ton presque joyeux.

Elle usait d'un surnom horrible, entendu prononcé par l'une des affreuses pollueuses d'air de Dean. Cela la faisait rire, et ça même si il grimaçait d'horreur en écoutant ça.


[ HJ : J'adore ! J'hadère ! Et je m'excuse pour l'horreur que je poste !! ]

Deanny ?... Deanny ?!! Ha nan mais là ça ne va pas pouvoir être possible... A tous les coups cette charogne de Jo' a entendu l'une de mes admiratrices m'appeler comme ça. Une espèce de sang-sue sulfureuse à l'intelligence sous-évoluée de bulot ! Au secours...

Certes, vexé, je ne vais pas m'attarder là-dessus, sinon Swann jubilerait. Et ça, il en est hors de question. Après une courte seconde à élaborer des plans pour me venger d'elle sur le même terrain, je ne perds pas plus de temps, et réplique :

- Ô Amour de ma vie, Lumière de mes nuits, Soleil de mes jours... Je suis désolé... Tu as brisé mon coeur, jamais plus il ne battra.

Théâtral jusqu'à l'extrême pathétique, je pose un genou à terre, étends mes bras vers elle et je l'observe. Le grand charmeur que je suis prend le dessus, je la regarde par dessous les cils. Mon sourire de traviole, mais terriblement sexy, vient étirer mes traits. Pris dans mon élan pour égayer l'atmosphère j'ajoute sur le même ton :

- Ta trahison avec ce coup d'un soir tout récent à été trop dur à surmonter pour moi... Que vais-je devenir ? Tu m'expliques...

Après un dernier regard de Chat Poté, je décide que j'ai été assez ridicule pour le mois à venir. Mais voilà, je m'interroge. Est-ce que notre discussion s'arrête la-dessus ? Ou, au contraire, est-ce que je reviens sur le sujet épineux du départ ? J'avoue que je préférerais discuter de sujets anodins. J-S a toujours un problème et en parler avec elle, ça me bousille le moral. Non c'est vrai, ça me saoul, voilà c'est dit.

Toujours agenouillé, je lui pose carrément la question.

- Alors, de quoi tu veux parler maintenant... Soleil de mes jours ?

Bon, d'accord j'avoue... Je n'ai pas été vraiment direct sur ce coup-là. Mais en même temps, j'avais pas envie de la vexer à nouveau, et donc de me chamailler avec elle. Une fois dans la soirée, c'est bien suffisant.

[HJ : Merci mes choutes ! ^^ Jo' je te laisse orienter le sujet comme tu veux du coup]