Lizzie venait de terminer ses devoirs à la bibliothèque. Etonnamment, elle avait fait preuve de quelques difficultés pour se concentrer. La fenêtre qui lui faisait face, lui offrait un panorama sur l'extérieur particulièrement attrayant. De plus, elle se sentait terriblement isolée dans cet espace rempli de livres mais vide de présence humaine (la bibliothécaire ne compte pas dans ces circonstances).

Elle s'était donc forcée à rapidement boucler ses écrits, puis elle avait tout remballé. Alors elle s'était postée devant cette même fenêtre en ogive pour contempler le ciel clair exempt de nuage. Son regard était finalement tombé sur les cimes des arbres de la Forêt, puis vers leurs troncs élancés, jusqu'à l'herbe du Parc. Elle vit alors une silhouette entrer dans son champs de vision. La personne traversait lentement l'étendue herbeuse. Lizzie trouva alors l'idée excellente. Ni une, ni deux, elle attrapa son sac en bandoulière qu'elle passa en travers de son dos, puis quitta la bibliothèque.

Elle survola les quelques étages qui la séparait du Hall, puis sortie dans l'air frais de l'extérieur. Elle remplie avidement ses poumons de cet oxygène glacé et glaçant. Elle enfila sa cape d'hiver et resserra son écharpe autour de son cou. Elle regretta de n'avoir ni bonnet, ni gants, mais par flemmardise, elle ne retourna pas dans sa Tour chercher ses affaires manquantes. Elle préféra braver le froid.

Elle marchait d'un pas actif, les joues et le nez rosis par l'air, ses mains enfoncées dans ses poches, son cou rentré dans ses épaules. Le parc était lui aussi vide de monde, si ce n'est un couple qui s'embrassait goulûment près du Lac. Mais justement, elle aperçue la silhouette de toute à l'heure, à moins que c'en soit une autre. Toujours est-il qu'elle n'était pas si loin. En plissant les yeux, Lizzie reconnue l'élève : Aïnoha, une amie de Poufsouffle. Elle s'appliqua à l'interpeler, après le quatrième appel (et une chute), la Jaune se retourna et la salua. Elle ne semblait pas être dans son assiette.

- Ca n'a pas l'air d'aller. Tu as l'air pensive, un peu comme lorsque tu viens d'avoir une vision.

Comme à son habitude, Lizzie allait droit au but, de but en blanc. Puis son regard se posa sur le genou sanguinolent d'Aïnoha. Aussitôt elle se proposa :

- Oh ton genou, il saigne ! Oh... Excuse-moi, tu le sais déjà... J'ai apprit un sort de cicatrisation récemment, tu veux en profiter ?

Lizzie lui offrit un sourire serein. Voilà près d'une semaine que les deux élèves ne s'était pas croisées, cela lui faisait plaisir de la voir.

HJ : Mieux vaut tard que jamais ^^

Lizzie extirpa sa baguette magique de la manche gauche de sa veste. A l'aide d'un mouvement à la fois vif et délicat elle murmura l'incantation de guérison. Les tissus se restructurèrent en accéléré, une vingtaine de secondes plus tard, la peau de Aïnhoa avait retrouvé son aspect laiteux, de fines stries plus claires là où la peau s'était ressoudée.

La jeune Serdaigle ne s'extasia pas devant sa réussite. Au contraire, elle ne réagit pas, ses pensées allaient droit vers la réponse de son amie. "J'espère que ça ne se réalisera jamais." Lizzie jura mentalement. C'était flippant comme info, surtout venant de la Poufsouffle. C'est bien simple, elle ne parlait quasiment jamais de ses visions, elle se permettait aussi rarement d'évoquer son ressenti dessus. La curiosité de Lizzie était piquée au vif. Mais voilà, elle craignait le pire, tout en ignorant ce qui est le pire au final.

Elle s'humidifia les lèvres, et redressa enfin son regard afin de regarder droit dans les yeux son interlocutrice. A l'instant où leurs regards se croisèrent, elle se sentie submergée d'un sentiment de honte. Pourquoi fallait-il qu'elle soit si curieuse ? Si ça se trouve les visions concernaient un truc carrément morbide et glauque. Peut-être qu'il valait mieux ne pas savoir ?

Mais Lizzie se sentait prête. Oui elle se sentait prête à encaisser l'annonce d'un futur possible. Elle se sentait prête à garder ce secret. Et elle se sentait prête à se battre pour y changer quelque chose, à la hauteur de ses moyens. Avec une énergie nouvelle, elle scruta de nouveau Aïnhoa.

- Tu veux m'en parler ? demanda-t-elle doucement.